Quelles doivent être les attributions des équipes d’évaluation sur le terrain ?
- Consulter les administrations locales et centrales et les organisations représentant la société civile qui disposent de connaissances et de compétences concernant les conditions locales.
- Examiner les moyens de partager l’information à travers l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, de préférence par le biais de systèmes informatiques accessibles à d’autres entreprises ou de tout mécanisme institutionnel.
- Assurer ou soutenir la création, le cas échéant, de réseaux de suivi au niveau local pour fournir des informations à l’équipe d’évaluation.
Quelles questions doit se poser l’équipe d’évaluation sur le terrain ?
1. Connaître la situation de la zone de conflit ou à haut risque d’où proviennent les minerais, par laquelle ils transitent et/ou à partir de laquelle ils sont exportés :
- Étudier les caractéristiques des zones de conflit et à haut risque d’où proviennent les minerais, ainsi que des pays limitrophes et de transit (y compris les itinéraires commerciaux potentiels et les lieux d’extraction, de commerce, de traitement et d’exportation). Les informations pertinentes figurent dans des rapports publics (émanant des administrations, d’organisations internationales, d’ONG et de médias), des cartes, des rapports des Nations Unies et des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies, des études sectorielles concernant l’extraction de minerais et son impact sur les conflits, les droits de l’homme ou les dommages causés à l’environnement dans le pays d’origine potentielle, ou dans d’autres déclarations publiques (émanant de fonds de pension éthiques, par exemple).
- Y a‑t-il des entités internationales capables d’intervenir et d’effectuer des enquêtes qui soient établies dans la zone ou à proximité ? Ces entités peuvent-elles être utilisées pour identifier les intervenants dans la chaîne d’approvisionnement ? Existe-t-il au niveau local des moyens de recours pour répondre aux préoccupations liées à la présence de groupes armés ou d’autres facteurs de conflit ? Y a‑t-il au niveau national, provincial et/ou local des organismes de réglementation compétents pour les questions minières, de corruption, de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et de fraude fiscale qui seraient en mesure de traiter ces problèmes ?
2. Connaître les fournisseurs et partenaires commerciaux
- Qui sont les fournisseurs ou autres parties intervenant dans le financement, l’extraction, le commerce et le transport de minerais entre le point d’extraction et le point auquel l’entreprise qui exerce son devoir de diligence prend en charge ces minerais ? Identifiez tous les intervenants importants de la chaîne d’approvisionnement, en collectant des informations sur la propriété (y compris les bénéficiaires effectifs), la structure de la société, les noms de ses dirigeants et des membres de son conseil d’administration, les participations que détient la société ou ses dirigeants dans d’autres organismes, les liens de l’entreprise et de ses dirigeants avec des intérêts commerciaux, administratifs, politiques ou militaires (en mettant l’accent en particulier sur les relations potentielles avec des parties au conflit). La documentation fournie est-elle incohérente ou incomplète ? La structure des groupes est-elle inutilement complexe, comporte-t-elle des sociétés écran, et des implantations dans des zones sans lien géographique manifeste ?
- Quels sont les systèmes de marchés publics et de diligence que ces fournisseurs ont mis en place ? Quelles sont les politiques adoptées par les fournisseurs en ce qui concerne la chaîne d’approvisionnement et comment s’intègrent-elles dans leur processus de gestion ? Comment appliquent-ils les contrôles internes des minerais ? Comment appliquent-ils ces politiques et conditions à leurs fournisseurs ? Ont-ils été impliqués par la passé dans des activités criminelles, liés à des actes de corruption, au blanchiment d’argent, au financement de groupes armés, à des infractions de fraude fiscale ou à de graves violations des droits humains ? Le fournisseur a‑t-il par le passé modifié son nom commercial ? Si le fournisseur est un négociant en pierres précieuses et en métaux précieux et si la législation nationale l’exige, a‑t-il mis en place un cadre et une procédure d’évaluation des risques pour recenser les déclarations de transactions suspectes ?
3. Connaître les conditions de l’extraction de minerais dans les zones de conflit ou à haut risque
- Quelle est l’origine exacte des minerais (mines d’origine) ?
- Quelle a été la méthode d’extraction ? Déterminer si les minerais ont été extraits par des méthodes artisanales et sur une petite échelle ou une grande échelle et, dans les deux premiers cas, déterminer si possible s’ils sont été extraits par des mineurs artisanaux individuels, des coopératives minières artisanales, des associations ou de petites entreprises. Identifier les impôts, droits et redevances versés aux institutions administratives, et les déclarations concernant ces paiements.
- Les conditions d’extraction impliquent-elles la présence et l’intervention de forces de sécurité publiques ou privées et autres groupes armés, notamment pour l’une ou plusieurs des opérations suivantes : contrôle direct de la mine ou des itinéraires de transport autour de celle-ci, prélèvement d’impôts sur l’exploitation de la mine ou extorsion de minerais, détention de la mine ou de droits sur les minerais par des parties au conflit ou par des membres de leur famille, exercice d’activités minières à titre de revenu accessoire en dehors du service, ou fourniture d’un service de sécurité payé par l’exploitant de la mine ou financé par des impôts sur la production. Certains de ces groupes armés ou forces de sécurité publique ou privées interviennent-ils dans le conflit ou y ont-ils des intérêts ? Certains d’entre eux ont-ils dans le passé commis des atteintes généralisées aux droits de l’homme ou d’autres délits ?
- Quelles sont les conditions d’extraction ? En particulier, identifier
- toute forme de torture ou de traitement cruel, inhumain et dégradant pratiqué aux fins de l’extraction de minerais ;
- toute forme de travail forcé ou obligatoire exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel le dit individu ne s’est pas offert de plein gré ;
- les pires formes de travail des enfants aux fins de l’extraction de minerais ;
- les autres violations flagrantes des droits de l’homme et atteintes à ceux-ci telles que violences sexuelles généralisées sur les sites miniers ou au cours de l’extraction de minerais ;
- les crimes de guerre ou autres graves violations du droit humanitaire international, les crimes contre l’humanité ou les génocides. Comment a été obtenu le préfinancement de l’extraction ?
4. Connaître les conditions du traitement et du commerce de minerais dans les zones de conflit ou à haut risque
- Les acheteurs en aval étaient-ils établis sur le site de la mine ou ailleurs ? Les minerais provenant d’exploitants différents étaient-ils traités et transformés séparément et ont-ils été vendus en aval séparément ? Dans le cas contraire, à quel stade les minerais ont-ils été traités, groupés et mélangés lorsqu’ils ont été vendus en aval ? A‑t-on constaté une quelconque anomalie dans le commerce de minerais qui pourrait être le signe d’un blanchiment d’argent (surestimation ou sous-estimation du minerai, incohérences concernant les caractéristiques physiques, la valeur ou l’origine déclarées) ? En cas d’utilisation importante d’espèces, le fournisseur a‑t-il exercé son devoir de diligence et gardé une trace écrite de l’ensemble des transactions ?
- Qui étaient les intermédiaires qui ont traité les minerais ? Indiquer si certains de ces intermédiaires ont été accusés ou soupçonnés d’avoir extrait ou commercialisé des minerais en association avec des groupes armés non-étatiques.
- Dans quelle mesure des forces de sécurité publiques ou privées ou autres groupes armés ou non-étatiques sont-ils éventuellement intervenus directement ou indirectement dans la commercialisation, le transport ou la taxation des minerais ? Des forces de sécurité publiques ou privées ou autres groupes non-étatiques bénéficient-ils d’une manière ou d’une autre de la commercialisation, du transport ou de la taxation des minerais par d’autres parties, notamment dans le cadre de relations avec des intermédiaires ou des exportateurs ?
- T Dans quelle mesure des groupes armés officiels ou non-étatiques sont-ils présents le long des itinéraires de commercialisation et de transport ? Y a‑t-il des atteintes aux droits de l’homme lors de la commercialisation, du transport ou de la taxation des minerais ? Par exemple, le travail forcé, l’extorsion ou la coercition sont-ils utilisés ? Le travail des enfants est-il utilisé ? En particulier, identifier
- toute forme de torture ou de traitement cruel, inhumain et dégradant pratiqué aux fins du transport ou du commerce de minerais ;
- toute forme de travail forcé ou obligatoire aux fins du transport, du commerce ou de la vente de minerais ;
- les pires formes de travail des enfants aux fins du transport ou du commerce de minerais ;
- les autres violations flagrantes des droits de l’homme et atteintes à ceux-ci telles que violences sexuelles généralisées sur les sites miniers ou au cours du transport ou du commerce de minerais ;
- les crimes de guerre ou autres graves violations du droit humanitaire international, les crimes contre l’humanité ou les génocides aux fins du transport ou du commerce de minerais.
- Quelles sont les informations disponibles pour vérifier les opérations commerciales effectuées en aval, notamment : documents authentiques, itinéraires de transport, contrats de concession, transports transfrontaliers, et présence de groupes armés et/ou forces de sécurité publiques ou privées ?
5. Connaître les conditions d’exportation à partir des zones de conflit ou à haut risque
- Des écarts ont-t-ils été constatés entre les pays d’importation et le pays d’exportation ? Une brusque hausse des exportations a‑t-elle été observée dans les pays frontalier ? Une chute des exportations d’or dans un pays et la soudaine hausse de ces mêmes exportations dans un pays voisin pourrait être le signe d’un transfert des ressources vers une juridiction voisine dans le but d’échapper aux contrôles internes. Quel est le point d’exportation et y a‑t-il eu des accusations ou des soupçons de paiements de facilitation ou autres versements illicites effectués au point d’exportation pour dissimuler l’origine des minerais ou la présenter d’une manière frauduleuse ? Quels sont les documents qui ont accompagné l’exportation de minerais et y a‑t-il des accusations ou des soupçons concernant la production de documents frauduleux ou de déclarations inexactes (concernant le type de minerai, sa qualité, son origine, son poids, etc.) ? Quels sont les impôts, droits ou autres redevances qui ont été versés à l’exportation et y a‑t-il eu des accusations ou des soupçons de sous-déclaration ? Dans quelle mesure existe-t-il un risque que le produit d’activités criminelles ou d’extractions illégales se présente sous la forme de déchets d’or ou d’or recyclé ?
- Comment le transport des minerais exportés a‑t-il été coordonné et comment a‑t-il été effectué ? Qui sont les transporteurs et y a‑t-il eu des accusations ou des soupçons de corruption de leur part (paiements de facilitation, versements illicites, sous-déclarations, etc.) ? Comment le financement des exportations et leur assurance ont-ils été obtenus ?